À Juvelize, la dîme était stockée, dans une cave, à côté d’une maison de maître, actuellement Brocard-Dardaine !
Cette cave à dîme, se trouve rue de la Hacque et le chemin externe, dans la maison de la Famille Dardaine.
Sur la photographie, on voit l’entrée de la salle de dépôt de la dîme. Cette entrée était fermée par une épaisse porte en chêne renforcée par d’épais clous et de fortes ferrures.
Cette entrée de porte était voûtée avec cinq blocs de pierre taillée, dont une pierre centrale, en clé de voûte.
Figure 1: entrée de la cave à dîme de Juvelize.
Cette porte a subi les attaques des habitants de Juvelize, à l’époque de la Révolution française.
Figure 2: entrée de la cave à dîme. - vue de l'intérieur.
Cette très belle cave est voûtée et c’est la seule qui subsisterait encore, les autres s’il y en avait, auraient disparu dans les bombardements des différentes guerres, ...mais il semblerait qu’il y ait une autre ?
En descendant les escaliers, à gauche avant la porte il y a un œil-de-bœuf , très évasé.
C’est probablement par cet orifice qu’on engrangeait les produits de la dîme, qu’on les chargeait ou les déchargeait, ce qui explique l’évasement de cette ouverture.
Figure 3: oeil de bœuf. - vue de l'escalier.
Par contre cet œil-de-bœuf, vu de l’intérieur, n’offre pas du tout le même évasement que de l’extérieur.
Figure 4: oeil de bœuf - vue de l'intérieur nettement moins évasé.
Figure 5: la cave à dîme, voûtée de Juvelize.
Les deux petites fenêtres au fond de la cave semblent avoir été ouvertes plus tard, après la Révolution française, car entre les deux fenêtres on trouve des briques ; matériau qui n‘est pas utilisé dans le reste de la cave !
Au-dessus des deux petites fenêtres, l’arc est bétonné, alors que le reste de la cave est construit avec des pierres, qu’on trouve dans les carrières de Juvelize.
Le sol en haut de l‘escalier possède un magnifique pavage très régulier, presque lisse, permettant aux chariots de sel de venir au plus près, du déchargement ou du chargement, à l’abri du temps, puisque couvert.
Figure 6: sol pavé de briques en haut de l'escalier.
Ci-dessous : la maison des " Demange " - Desalme- Reignier :
( ancienne maison de maître ou cloître ou encore maison de religieuses ? )
- dans la cave il y avait un tunnel ou une galerie sous terre, qui allait de chez eux, vers la maison Dardaine- Brocard – la cave à dîme - et continuerait vers Donnnelay et aux environs du trou d’eau - Weschmatt – où il y aurait la sortie !?...
Figure 7: maison portant une croix, une tête, et une niche avec une statuette.
Lors de travaux entre la maison de Chapy et l’église, on a pu voir ce tunnel ou cette galerie à cause de l’effondrement de la route.
Thierry Mansuy, habitant le village, est allé voir lors de l’effondrement, et a pénétré de quelques mètres à l’intérieur de cette galerie faite de pierres sèches.
Monsieur Gorius (un habitant de Juvelize) maintenant décédé se souvenait encore que le sol de la cave était, dans sa jeunesse, pavé des pierres " taillées " , comme celles qu’on trouve devant l’entrée de la cave.
Figure 9: grosses dalles semblables à celles de la cave
Le paiement de la dîme n'était pas toujours chose facile pour les villageois, principalement lorsque les récoltes étaient mauvaises.
On pourrait s'imaginer qu'à cette époque les assurances n'existaient pas... !?
Et pourtant comme le laisse penser ce document de 1756 sur les intempéries...
Notes sur les dégâts provoqués par les intempéries de mille sept cent cinquante-six (1756)
Cette présente année
mille sept cens cinquante- ix, le finage de Jevelize fut grellé le jour de la Feste Dieu, après les vespres, en sorte que le jour de Terre donnat tout au plus un bichet de bled, malheur qui achevat de ruiner la plus grande partie des laboureurs. Il n’y eut point de maître qui voulut faire aucune réduction, ,parce que pas un fermier n’avait eu la précaution de réserver les quatre f.f.f.f.* dans la passation des beaux .
La racinne des grains repoussat a de la verdure, on ne fit point de moisson dans son tems, on attendit pour voir si ce que la plante des grains avait repoussé viendrait en maturité.
Mais ce fut en vain, on coupa ces pauvres bled à la faux vers la fin du mois de septembre, ce qui restoit de la grêlle étoit tout découpé et pauvres ; les rejets n’estoit qu’un regain mollasque, dont le grain estoit si petit, si maigre et si mal ment qu’il ne voulait pas quitter l’espèce ainsi les infortunés laboureurs furent contraints d’acheter de la semence.
Les avoines ne pouvaient être de plus belle espérence que cette année, malgré qu ‘elles en ont été fort endommagés par la grelle, mais malheureusement quand elles furent coupées il y survint des inondations et des pluyes continuelles, qui les firent germer et gâter entièrement . De même que les fèves les pois, les lentilles et autres légumes.
Encore que le Bois des Vignes fut fort endommagé, on fit encore quelsque peu de vin ; mais qui ne fut pas bon.
Cent cinquante six.
ARCHIVES Saint Julien les Metz Série E 358 ED1E1.
*F.F.F.F.:( dans la " Notice de Lorraine " de Dom Aug. Calmet Abbé de Senones ; on peut lire page 772 sous Marmoutier
" Voltsir de Seronville, Secrétaire du Duc Antoine, & Auteur de l’histoire de l’expédition de ce Prince, ayant remarqué dans l’Église de l’Abbaye deux monumens respectables, & n’ayant pas eu le loisir de les copier, pria l’Abbé Gaspard de les lui envoyer, ce qu’il fit. Voici sec deux monumens qui se voyaient alors sur la muraille à côté du grand Autel, mais on ne les y voit plus aujourd’hui. "
Voici ce qui se voyoit sur la colonne :
On y voit les quatre F.F.F.F. : Ferro, Flamma, Fame, Frigore.
( par le fer, l’épée ; par la flamme, le feu ; par la faim, la sécheresse ; par le froid, le gel.)
...serait-ce une assurance ?
Les terres ayant été certainement partagées entre Juvelize, Marsal et Blanche Église, des querelles entre les villages survenaient au moment du prélèvement de la dîme.
Article et photos de Richard Bednarek