Juvelize fût aussi visité par la Reine de France le 20 aout 1725 après son mariage célébré à Strasbourg
Figure 1: Marie Leszczinska par Jean Marc Nattier
Louis XV * avait été fiancé par le Régent à une princesse espagnole, mais l’infante n’avait encore que six ans et il était prudent de marier le plus tôt possible le roi pour assurer la succession de la couronne.
C’est pourquoi le duc de Bourbon se décida à renvoyer l’Infante à la maison au risque de provoquer une rupture avec l’Espagne.
C’est ainsi qu’on se tourna vers Marie Leszczinska, ** la fille du roi de Pologne déchu de son trône ; la famille Leszczinki s’était réfugiée à Wissembourg. C’est là que Marie apprit le choix français ; le mariage fut rondement mené, la cérémonie se déroula à Strasbourg le 15 août 1725, par procuration, le Duc remplaça le Roi à la cérémonie, faite par l’archevêque de Strasbourg, le cardinal de Rohan.
Le 17 août, la nouvelle reine quittait Strasbourg en calèches, carrosses et toute une petite cour
pour passer la nuit à Saverne, où l’attendait Stanislas accompagné du duc d’Orléans, du duc d’Antin et du marquis de Beauvau…
Le lendemain, 18 août, elle prit la direction de Sarrebourg.
Le 19 août elle quitta Sarrebourg, s’arrêta à Héming pour dîner dans le logis du Lion d’Or. Passant par Azoudange, elle prit la direction de Maizières les Vic, où elle fut accueillie en fanfare, elle passa la nuit dans la maison de sieur Peronnain.
Après avoir assisté à la messe du matin, du diamnche 20 août, elle quitta Maizières les Vic pour Marimont, où elle fut accueillie par par une haie d’honneur du Royal Cavalerie et celui du Maine – comme à chaque arrêt d’ailleurs –
« Au village de Donnelay, les habitants s’étoient mis sous les armes sur le chemin, le Curé de ce lieu, suivi d’une foule de païsans, dont l’une portaoit une bannière, vint processionnellemnt au-devant de la reine et l’accompagna pendant quelques temps en chantant les louanges du Seigneur, et lui faisant des vœux pour la conservation de leurs Majestez ; ils témoignèrent encore leur joie par une décharge de boëtes ou petits canons qu’ils s’étoient procurez.
Sa majesté s’arrêta en ce lieu au milieu de la campagne pour y faire collation dans son carosse, laquelle avoit été portée par le sieur Bazire fils, coureur de vin du roy, qui s’est acquitté avec soin de la fonction de sa charge dans ce voyage.
La route de poste passait à Donnelay. Pour aller de Strasbourg à Metz, on quittait le chemin actuel à Maizières et on gagnait Marsal et Vic en passant près de Marimont, au-dessus de Bru, à Donnelay, près de Juvelize et aux Trois Croix. Ce fut la route suivie par la fille du roi Stanislas allant épouser le jeune Louis XV. Elle dut s’arrêter à Donnelay, où il y avait un relai. Un souvenir de son passage existe. Les autels latéraux -- sous le vocable de la Vierge et de saint Nicolas -- en bois sculpté, sont surmontés de fleurs de lys ; sur l’un d’eux, on lit :
EX DONO
REGINAE
1725.
Ces autels latéraux ont disparu lors des combats des différentes guerres, surtout 39-45.
Les Tois Croix ne sont pas mentionnées dans le récit, elles sont probablement postérieures .
Au village d’Ivelize (Juvelize), les habitants de ce lieu rendirent les mêmes devoirs à la reine, que ceux du village de Donnelay. Sa Majesté, touchée des soins de ces zélés serviteurs, eut toujours beaucoup d’attention pour les faire récompenser ; sa charité envers les pauvres a paru dans toutes les occasions, et son amour pour cette vertu ne lui a jamais fait oublier que pour être heureux dans ce monde et dans l’autre, il faut avoir pitié des membres de Jésus-Christ ;
qui miseretur pauperis, beatus erit. "
qui a pitié du pauvre, sera heureux"
Psaume tiré de la Bible.
La misère des habitants de Juvelize devait vraiment faire pitié ! le 20 août 1725 était un dimanche de surcroit !!
Quittant Juvelize pour Marsal, par « chemin de Marsal » puis se dirigeant vers Moyenvic , elle arrivait à Vic sur Seille dans la soirée.
Figure 2: Louis XV par François-Hubert Drouais
* – Orphelin de bonne heure, roi à 5 ans il a été mal élevé, on a développé en lui que l’égoïsme et l’orgueil, on en fit un bon sportif élevé au grand air, mais son éducation intellectuelle en fut négligée ; d’une timidité maladive, il devint capricieux, indolent, incapable d’imposer sa volonté ; cependant Louis XV est resté longtemps populaire. En 1744, sa maladie à Metz suscite une vive émotion dans le pays et une joie délirante accueille la nouvelle de sa guérison. C’est alors qu’il reçoit ce surnom de Bien-Aimé qui bientôt allait devenir singulièrement ironique.
* - Il se laissa dominer par les nombreuses favorites, dont certaines ont joué un rôle politoque : la duchesse de Châteauroux et la marquise de Pompadour.
**- à défaut de beauté et d’intelligence elle était bonne, pieuse et charitable, mais elle avait sept ans de plus que le roi
– à son mariage, elle avait 22 ans et Louis XV 15 ans !
La reine, maladroite et sotte, ne sait garder ni son mari, ni son crédit. Elle se console au milieu d’un petit cercle d’amis.
Des dix enfants qu‘elle a eus, sept ont survécu : un fils et six filles.
Le dauphin Louis ( 1729-1765) pieux instruit, d’une conduite exemplaire, devait mourir prématurément.
De sa seconde femme, Marie-Josèphe de Saxe, il eut trois fils qui seront rois tous les trois :
1. Louis XVI,
2. Louis XVIII et
3. Charles X et
4. deux filles : Mesdames Clothilde et Elisabeth.
Figure 3: Carte de Cassini - on voit le chemin emprunté par la reine...
Nous sommes alors à la veille de la Révolution et lors des États Généraux de 1789, Jevelize a aussi son cahier de doléances !