Sam02Mai2020

Heure de pointes : Le Sacre De Stravinsky vu par Bartabas

sacre de stravinskyÉchangeons chaussons contre sabots avant une expérience équestre exceptionnelle cet après-midi à Auteuil, pour une autre tout aussi merveilleuse avec....

Le Sacre De Stravinsky vu par Bartabas

Né en 1957, Bartabas, de son vrai nom Clément Marty, se passionne dès l'adolescence pour l'équitation. Il travaille quelques temps dans la course d'obstacles, puis se lance dans le théâtre de rue, en participant à la création, en 1976, de la troupe du Théâtre emporté. Dès 1977, il se fait connaître dans le Off du Festival d'Avignon. Il participe deux ans plus tard à la fondation du Cirque Aligre, dont les formes novatrices s'inscrivent dans le mouvement de refondation des arts du cirque : les parades flamboyantes de Bartabas à cheval marquent les spectateurs d'Avignon.

Créé en 1984, le Théâtre équestre Zingaro porte le nom d’un magnifique cheval, un frison noir, partenaire de Bartabas. Leur premier spectacle, intitulé Cabaret équestre, joué de 1984 à 1990, réunit sur la piste non seulement des chevaux et des hommes, mais aussi un chameau, des oies et des oiseaux de proie. Avec Opéra équestre (1991), Bartabas conjugue des numéros de voltige sur des chants berbères et géorgiens. Chimère (1994) se consacre à l’univers indou du Rajasthan. Dans des parures, turbans et drapés aux couleurs chaudes, chevaux et cavaliers se mêlent sur la piste, au gré des notes des chanteurs et musiciens indiens qui les accompagnent. Le spectacle Éclipse, créé en 1997 avec des danseurs, s’oriente vers l’Asie et joue sur les contrastes entre noir et blanc, ombre et lumière, le tout au son de musiciens et chanteurs traditionnels de Corée. Zingaro meurt durant la tournée internationale de ce spectacle.
La troupe s'installe en 1989 au Fort d'Aubervilliers dans un chapiteau en bois conçu pour l'occasion. À partir de 2003, le travail artistique de Bartabas se double d'un volet pédagogique avec la création de l'Académie du spectacle équestre à Versailles.

Triptyk en 2000 est un hommage à la disparition de l'illustre cheval, cette absence. Le Sacre du printemps et La Symphonie des Psaumes d’Igor Stravinsky, puis le Dialogue de l’ombre double de Pierre Boulez illustrent le récit d’un sacrifice, d’une perte. Outre les partitions musicales, le spectre du cheval fétiche s’inscrit à travers la scénographie : des sculptures blanches évoquent des squelettes chevalins. Ni accessoire, ni instrument, le cheval est sujet, muse, héros et cœur du spectacle. Même disparu, il demeure, plus qu’un partenaire, un alter ego.

Pour cette nouvelle création, Bartabas confronte ses chevaux à une partition métronomique : l’œuvre musicale est écrite et enregistrée. Cette fois, les musiciens ne sont plus sur scène pour se caler en fonction des retards ou avances de l’animal. Ils ne « suivent » plus les mouvements du cheval. Néanmoins, un troublant tableau présente justement quatre chevaux albinos librement lâchés dans l’arène : sans selle, ni encolure, ils improvisent paisiblement, folâtrent et se roulent dans la terre rougeâtre. La séquence semble alors étrangement chorégraphiée alors qu'elle est pourtant (paradoxalement) vouée à l'improvisation.

Quand l'obscurité a fini de tapisser l'intérieur du cirque équestre Zingaro et que peu à peu dans une pénombre ocre les premières notes du Sacre du printemps de Stravinsky retentissent, on se croit un instant revenu à la belle époque des chorégraphies de Nijinski. Un corps aux allures de félin s'insinue sur le cercle de terre rouge et vient réveiller comme par enchantement six autres corps identiques. Dans une danse ritualisée, comme un organisme unique pris d'étranges convulsions, sept danseurs du Kerala refondent les gestes d'un art martial ancestral : le kalarippayat.[.]

Pour la première fois, la musique était maîtresse et les chevaux comme les acteurs devaient s'accorder à son sens. Habituellement, c'était le numéro qui déterminait le choix musical. Mais cette nouvelle contrainte stylistique, basée sur une étude de la spatialisation du son, modèle très sensiblement la puissance dramatique du spectacle. Les chevaux ne jouent plus la performance technique, mais sont amenés à interpréter comme de véritables danseurs, soumis à l'écoute d'une partition qu'ils se doivent d'interpréter. Dans ce cas, on a du mal à parler de simple dressage. On pencherait presque pour une reconnaissance de la formation de l'acteur-cheval !

Le premier volet, à l'esthétique très "ethnic", exploite l'esprit païen du Sacre. Les guerriers luttent au corps à corps avec des sortes de centaures qui finissent par les dominer. Bartabas réussit l'exploit de tisser de véritables tableaux mouvants, organisant dans un souffle épique un splendide chaos organisé. Quelques instants plus tard, l'esprit martial disparaît au profit d'une nature féminine, révélée dans le corps immaculé de trois splendides chevaux aux yeux bleus, entourés de trois femmes qui les contemplent. Impossible de ne pas s'étonner : ces animaux jouent la comédie, bêtes fabuleuses qui n'ont pas grand chose à envier à la licorne. Bartabas joue ainsi indéfiniment sur la variation de la figure chevaline, toujours érigée au centre de la méditation humaine. Le moment le plus convaincant du spectacle est d'ailleurs le tableau central qui s'organise autour de la géniale musique de Boulez.[.]
Quoi qu'il en soit, Bartabas est résolument cet homme qui sait faire danser les chevaux avec les hommes. Mélomane et poète, il invente un univers de beauté où rien ne paraît impossible.

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Ci-dessous Bartabas présente "Ex anima" le dernier spectacle de la troupe équestre Zingaro

Bartage fondateur du théâtre équestre Zingaro explique pourquoi sa dernière création présente ses chevaux sans cavaliers. Un ultime spectacle dans le cadre des Nuits de Fourvière du 14 Juin au 24 juillet 2019.

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Ex Anima, la ronde des chevaux de Bartabas | 360° | ARTE

Bartabas, le maître du théâtre équestre Zingaro, met en scène ses chevaux et leur fait raconter, autonomes, le long récit de leur relation à l’Homme, à la fois tortueuse et fusionnelle. Dans un décor onirique, le spectateur est au centre d’une ronde hypnotique, poésie visuelle aux accents post-apocalyptiques.

Une expérience 360°VR de Bartabas et Pierre Zandrowicz
Une coproduction ARTE France, ATLAS V, Théâtre Equestre ZINGARO et MK2 Films
Inspirée du spectacle de Bartabas
Année de production : 2019

Chevaux artistes : ARRUZA, EL SORO, ANGELO, BELMONTE, EL VITI, CALACAS, BOMBITA, MANOLETE, CREDNE, CHICUELO, MANZANARES, DAGDA, CINTRÓN, NIMEÑO, LUG, OMINGUÍN, PAQUIRRI, MAC OC, EL CORDOBÉS, ZURBARÁN, NUADA, EL GALLO, NOUREEV, OGME

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Pour en savoir plus sur Bartabas et Zingaro cliquez sur le lien ci-dessous

 

bartabas 600

 

 
 
 

 

 

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