Aujourd'hui : la villa Montmorency
La villa Montmorency est une résidence fermée depuis le début des années 1970 située sur une butte du quartier d'Auteuil dans le 16e arrondissement de Paris. Créée au milieu du XIXe siècle, elle est surtout connue pour abriter les résidences de personnalités du show-business et du monde industriel.
Le terrain appartient à l'origine à la comtesse de Boufflers-Rouverel, une libertine proche de la reine Marie-Antoinette. Acquis en 1773, il porte le nom de clos d'Aligre. Dès l'origine, la propriété est murée et l'actuelle villa réemploie l'ancienne fermeture.
La villa est créée lors de l’achat en 1852 par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Saint-Germain, dirigée par des frères Pereire, du château de Boufflers et de son parc (œuvre de Jules Hardouin-Mansart) à la famille de Montmorency, en vue de réaliser à la place la gare d’Auteuil et un projet immobilier de luxe. Les frères Pereire conservent le nom de « Montmorency » afin d'attirer une clientèle huppée. Le lotissement est prévu pour se trouver sur la partie pentue de l'ancien parc, afin de dégager la vue des résidences.
Elle est située près du bois de Boulogne et de l'hippodrome d'Auteuil.
Le premier règlement interdit l'accès des lieux aux "individus tenant guinguette ou bal public et aux femmes de mauvaise vie".
La villa, constituée d'une cinquantaine de maisons séparées par des allées (avec une place centrale comprenant une fontaine), est bâtie en 1860 d'après les plans de l'architecte Théodore Charpentier.
Cet espace privé de « maisons unifamiliales de campagne et d'agrément » a des règles de copropriété strictes et contraignantes définies dans le cadre d'une association syndicale qui gère l'ensemble depuis 1853 (interdiction pour les employés de maison d'entrer avec un véhicule, interdiction de diviser les villas en plusieurs locations — chaque appartement doit faire au minimum 150 m2 —, hauteur maximale de neuf mètres pour les maisons, harmonisation obligatoire des façades, etc.).
Quartier le plus select de France, mais aussi le plus secret. Cette zone résidentielle qui n’a de villa que le nom est en réalité composée de quatre avenues bien paisibles où règnent pas moins de 120 demeures. Selon la visite guidée de Challenges, il s’agit d’un "quartier privé d’environ 1 kilomètre carré, totalement fermé, soigneusement protégé par trois couples de gardiens le jour et des veilleurs colombiens la nuit".
Un gardien à l'entrée en contrôle l'accès en vérifiant les permissions d'entrée. Des caméras de surveillance sont installées et des panneaux rappellent qu'il est interdit aux non-résidents d'y pénétrer, sous peine de poursuites.
Un reportage de Investigations et Enquêtes. Réalisé par Dorothee Marro
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L'enlèvement des ordures est réalisé avec de petites bennes électriques pour ne pas déranger les résidents.
Iil s'agit de nos jours de résidences de luxe et d'hôtels particuliers. Elle compte 50 lots à l'origine, 106 en 1977 et environ 120 maisons de maître actuellement. Leur style architectural général rappelle celui des villas balnéaires de Deauville ou d'Arcachon fin XIXe siècle.
Pour le géographe Renaud Le Goix, "la villa Montmorency est certainement la forme la plus aboutie d'enclosure dans Paris intra-muros".
En 1873, Victor Hugo s'installe trois mois dans une maison de la villa Montmorency, accompagnant son fils François-Victor, interné à l'Institut du docteur Blanche.
Au début du XXe siècle, André Gide y fait construire un chalet moderniste qu'il juge lui-même assez laid et y mène une vie d’ermite, recevant en 1916 par hasard le poète Guillaume Apollinaire, revenu des tranchées. Après la guerre, ses voisins vont poser des serrures sur les entrées de la villa, officiellement pour prévenir la présence de prostituées à la suite de la destruction de l'enceinte de Thiers, officieusement pour protester contre Gide, qui laissait les patients de la Fondation italienne, une clinique du quartier désormais fermée, se promener dans les allées.
C'est à partir des années 1970 que des personnalités du monde du spectacle commencent à y vivre, rejointes à partir des années 1980 par des grands entrepreneurs et leur famille, le caractère fermé de la villa s'accentuant avec la montée des prix de l'immobilier dans les années 2000. Si la sécurité est assurée par un grand nombre de gardes, elle a montré plusieurs défaillances : en 2003, une propriétaire est assassinée dans son appartement ; en 2005, des cambrioleurs ligotent l'architecte Olivier-Clément Cacoub ; un autre cambriolage a lieu en 2008.
Le prix de l'immobilier est très élevé dans ce lotissement, du fait des nombreuses maisons à l'architecture remarquable qui le composent et surtout de son caractère privé, qui en fait un refuge pour de nombreuses personnalités très fortunées8. Cet ensemble est toutefois également habité par des petits propriétaires qui refusent de voir leurs charges augmenter inconsidérément.
Personnalités habitant ou ayant habité la villa Montmorency :
Isabelle Adjani, actrice
Maxime Aiach, fondateur d'Acadomia
Alain Afflelou, entrepreneur (depuis 2000)
Jean-Paul Baudecroux, fondateur et actionnaire du groupe NRJ
Tarak Ben Ammar, homme d'affaires tunisien
Henri Bergson, philosophe français (avenue des Tilleuls)
Sarah Bernhardt, comédienne
Carole Bouquet, actrice (1994-2006)
Vincent Bolloré, homme d'affaires et milliardaire (depuis 1983) avec son ex-compagne Anaïs Jeanneret jusqu'en 2014
Jean-Paul Bucher, industriel
Jean-François de Canchy, haut fonctionnaire
Grégoire Chertok, banquier (depuis 2010)
Michel Cicurel, banquier
Laurent Dassault, industriel
Gérard Depardieu, acteur
Dominique Desseigne, homme d'affaires (depuis 1997, avec Diane Barrière jusqu'en 2001)
Céline Dion, chanteuse
Mylène Farmer, chanteuse
André Gide, écrivain
Alain Goldman, producteur
Victor Hugo, écrivain (1873)
Gilles Jacob, critique de cinéma (depuis 1979)
Arnaud Lagardère, homme d'affaires (à partir de 2006)
Xavier Niel, dirigeant d'entreprise (2005-2011)
Paul Roussel, statuaire
Jean-Jacques Rousseau, philosophe
Jean-François Roverato, ancien PDG du groupe Eiffage
Nicolas Sarkozy, logé chez Dominique Desseigne en 2007
Thiago Silva, footballeur brésilien (en 2019)
Georges Tranchant, ancien homme politique et homme d'affaires (depuis 1984)
Sylvie Vartan, chanteuse (depuis 1978, Johnny Hallyday y habita avec elle)
Rika Zaraï, chanteuse et écrivaine (1984-2012)
Félix Fournery, peintre et dessinateur de mode, s'y installa avec son atelier
Une enquête très intéressante de Vanityfair de 2014 :Crise à la villa Montmorency : du rififi dans le ghetto du gotha