Lundi, les musiciens de l'Orchestre National de France nous ont fait un superbe cadeau en interprétant de chez eux l'une des œuvres les plus connues de Maurice Ravel, et ce très certainement à cause d'un chorégraphe Maurice Béjart.
Maurice Ravel, de son nom de baptême Joseph Maurice Ravel, est un compositeur français né à Ciboure le 7 mars 1875 et mort à Paris le 28 décembre 1937.
Avec son aîné Claude Debussy, Ravel fut la figure la plus influente de la musique française de son époque et le principal représentant du courant dit impressionniste au début du XXe siècle. Son œuvre, modeste en nombre d'opus (quatre-vingt-six œuvres originales, vingt-cinq œuvres orchestrées ou transcrites), est le fruit d'un héritage complexe s'étendant de Couperin et Rameau jusqu'aux couleurs et rythmes du jazz et d'influences multiples dont celle, récurrente, de l'Espagne.
Maurice Béjart, de son vrai nom Maurice-Jean Berger, est un danseur et chorégraphe français, né à Marseille (France) le 1er janvier 1927 et mort à Lausanne (Suisse) le 22 novembre 2007, naturalisé suisse en 2007. Chorégraphe très impliqué dans le milieu de la danse, il parcourt le monde entier avec sa compagnie le Ballet du XXe siècle, créée en 1960 à Bruxelles (Belgique). Il a été membre de l'Académie des beaux-arts française (section des membres libres) de 1994 jusqu'à sa mort.
Le Ballet du XXe siècle est une compagnie de ballet fondé à Bruxelles en 1960 par Maurice Béjart et active jusqu'en 1987 en résidence au Théâtre de la Monnaie en Belgique.
Jorge Donn est un danseur argentin né à San Juan le 25 février 1947 et mort à Lausanne le 30 novembre 1992. Après des études à l'école de ballet du Teatro Colón, il rejoint le Ballet du XXe siècle dirigé par Maurice Béjart en 1963. Il en devient bientôt l'un des principaux solistes et crée les rôles-titres de la Neuvième symphonie (1964), de Roméo et Juliette (1966), de la Messe pour le temps présent (1967), de Nijinsky, clown de Dieu (1971), de Notre Faust (1975), du Boléro (1979), etc. Il reprend aussi des rôles importants d'anciennes œuvres de Béjart comme dans Les Quatre Fils Aymon.
Le Boléro dure 17 minutes. Pour le soliste, c'est une performance physique. Les mouvements répétitifs en appui sur un mollet et une cuisse finissent par être douloureux. Les muscles se tétanisent. Marie-Agnès Gillot nous confie qu'il fallait parfois qu'on la porte jusqu'à sa loge après la représentation. C'est aussi un rôle difficile à mémoriser. Mathias Heymann nous révèle que le soliste dispose d'un prompteur invisible. S'y affichent des mots clés pour chacune des dix-huit phrases musicales du Boléro. "Ca permet de savoir où on en est" explique-t-il.
En 1979, nouveau coup de génie. Béjart décide de retourner son ballet comme un gant. "Je voulais en faire un ballet réversible" explique-t-il dans une interview télévisée. Il inverse les rôles, remplace les hommes par des femmes et la soliste par un soliste: Jorge Donn. L'image du danseur fétiche de Béjart sera immortalisée en 1981 par Claude Lelouch dans le film "Les uns et les autres".
De nombreux artistes y ont abordé le rôle avec succès, notamment Sylvie Guillem et Nicolas Le Riche.
Le 9 juillet 2014, Nicolas Le Riche fait ses adieux à la scène de l’Opéra de Paris à 42 ans, l’âge de la retraite pour cette institution1. Ses adieux donnent lieu à une soirée exceptionnelle dont le seul architecte est Nicolas Le Riche lui-même. Elle est composée de ballets dansés dans leur intégralité - Le Jeune Homme et la Mort (Petit), L'Après-midi d’un Faune (Nijinski) et le Boléro (Béjart). Ces ballets ont marqué la carrière du danseur durant ses 24 années au sein de la compagnie parisienne.
Extrait de la soirée exceptionnelle Nicolas Le Riche, ses adieux à l'Opéra de Paris, le 9 juillet 2014 : le Boléro de Maurice Béjart.
Orchestre Philharmonique du Luxembourg / Emmanuel Krivine