les Restos du Coeur lancent leur 30e campagne ce 24 novembre 2014 !
Le 21 decembre 1985 COLUCHE lance les "Restaurants du coeur", association caritative destinée à distribuer des paniers-repas pour les chômeurs en fin de droits et les sans-logis. 5.000 bénévoles distribuent cet hiver 85-86 : 8,5 millions de repas.
Pour la campagne 2013-2014 ce sont 130 millions de repas qui ont été distribués par 67 600 bénévoles à 1 000 000 personnes accueillies.
Le secrétaire et factotum de Coluche, Jean-Michel Vaguelsy, raconte comment l'idée a germé un jour de février 1985. Alors que Coluche vient de signer au fisc un chèque de 3 millions de francs aux impôts, il s'exclame : « Tu te rends compte, avec tout le pognon que je donne, si tous les mecs qu'ont du blé comme moi s'y mettaient, on pourrait régler le problème » . Quand sa cuisinière Anita lui apprend qu'un repas revient à quinze francs, l'humoriste calcule qu'avec l'argent de ses impôts, il peut offrir 200 000 repas.
Le 26 septembre 1985, Coluche, en direct sur Europe 1, se révolte contre les gaspillages alimentaires d’une société de consommation et dénonce la destruction des surplus agricoles en France et en Europe :
« Quand il y a des excédents de nourriture et qu’on les détruit pour maintenir les prix sur le marché, on pourrait les récupérer et on essaiera de faire une grande cantine pour donner à manger à tous ceux qui ont faim (…) J’ai une petite idée comme ça (…) si des fois il y a des marques qui m'entendent, s'il y a des gens qui sont intéressés pour sponsoriser une cantine gratuite qu'on pourrait commencer à faire à Paris et puis qu'on étalerait dans les grandes villes de France, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça, qui ferait un resto qui aurait comme ambition au départ de faire 2000 ou 3000 repas par jour gratuitement »
{elioyoutube}CBJXyWj2qZA{/elioyoutube}
1985-1986
Les Restos du cœur étaient nés, et plus de 5 000 bénévoles distribuent cet hiver-là 8,5 millions de repas. Le 25 mars 1986, Coluche , moins de trois mois avant sa mort accidentelle , remet à l'abbé Pierre un chèque de 1,5 million de francs de la part des restos du cœur. L'Abbé Pierre a célébré les obsèques de Coluche, ça l'a durement marqué.
1986-1987
La deuxième campagne commence sans Coluche, disparu en juin 1986. Comme il l'avait réclamé au Parlement européen en février 1986, la CEE ouvre la porte de ses stocks. En province, des associations autonomes se créent. Fidélisées par un contrat d'agrément, elles porteront les noms et logos : Restos du cœur. Les 6 000 bénévoles distribuent 11,5 millions de repas.
1987-1988
À la fin de l'hiver, les Restos décident d'organiser une « intercampagne » pour continuer à aider les plus pauvres des bénéficiaires durant toute l'année. 7 300 bénévoles distribuent 22 millions de repas.
1988-1989
Le 20 octobre, le Parlement français vote à l'unanimité la « loi Coluche » : « chaque personne ayant fait un don, même modeste, à une association, bénéficie d'une réduction d'impôts ». 8 500 bénévoles distribuent 25 millions de repas.
1989-1990
Les Restos créent les Relais du cœur, qui accompagnent et encouragent les bénéficiaires dans leurs démarches de réinsertion, et les Camions du cœur, qui offrent chaque soir des repas chauds aux sans-abris dans les rues de Paris, et ce, malgré la création du revenu minimum d'insertion. 10 200 bénévoles distribuent 26 millions de repas.
1990-1991
Les Restos signent une convention avec le ministère du logement et lancent les Toits du cœur, dans le but d'aider à l'hébergement de personnes en cours de réinsertion. 11 000 bénévoles distribuent 28 millions de repas.
1991-1992
Les Restos affirment que « l'aide à l'insertion est aussi importante que l'aide alimentaire ». Ils créent les Ateliers et les Jardins du cœur où les bénéficiaires peuvent retrouver les réflexes de la vie sociale ainsi qu'un savoir-faire. 13 200 bénévoles distribuent 29 millions de repas.
1992-1993
Les Restos ouvrent à Val d'Akor une maison de vacances tenue par d'anciens bénéficiaires et une première résidence sociale à Châtellerault, destinée à héberger pour 3 ou 6 mois des personnes en cours de réinsertion. 17 000 bénévoles distribuent 31 millions de repas.
1993-1994
Les premiers Relais bébés ouvrent : distribution de nourriture adaptée aux enfants de moins d'un an et conseils aux jeunes mamans. 20 000 bénévoles distribuent 36 millions de repas.
1994-1995
Les Restos vont plus loin : relais, jardins et toits du cœur se multiplient partout en France. 25 000 bénévoles distribuent 75 millions de repas.
1995-1996
Les Restos inaugurent la Péniche du cœur, amarrée quai d'Austerlitz à Paris, qui accueille 70 personnes sans domicile dans un but de réinsertion, pour une durée allant de deux semaines à trois mois d'hébergement, ainsi que 3 résidences sociales à Poissy, au Mans et à Dijon. 25 000 bénévoles distribuent 50 millions de repas.
1996-1997
Les Restos multiplient les projets d'aide à l'insertion. Ouverture d'une résidence sociale à Chabanais. 31 000 bénévoles distribuent 61 millions de repas.
1997-1998
Les Restos ouvrent leurs premiers ateliers CLE (Communication, Lecture, Écriture) de lutte contre l'illettrisme ainsi que deux résidences sociales à Montbard et Toulon. 35 000 bénévoles distribuent 59 millions de repas.
1998-1999
Au sein des Restos se tient une vaste consultation « les Restos demain ». Organisée dans toute la France, elle réunit plus de 13 000 personnes (bénévoles et bénéficiaires) autour de débats animés sur leur avenir commun. De ces rencontres sortent mille et une interrogations et une évidence : il est temps de « distribuer autrement » l'aide alimentaire et d'améliorer l'écoute et le dialogue. 40 000 bénévoles distribuent 60 millions de repas.
Depuis le début du 21e siècle, le nombre de repas distribués n'a cessé d'augmenter pour arriver au nombre de 130 millions l'hiver dernier.
Si vous souhaitez en savoir plus : le site des Restos ou la page Facebook
Pour ceux qui douteraient du bien-fondé de cette campagne :
La pauvreté progresse encore et toujours en France. Crise oblige, la part des ménages qui s’adresse au Secours Catholique pour la première fois augmente : elle était de 69 % l’an dernier contre 66 % en 2012, signale l’association dans son dernier rapport annuel, publié le 6 novembre 2014
Le revenu mensuel des personnes soutenues par cette association est maintenant de 515 euros en moyenne. Ce n’est pas loin de la moitié du seuil officiel de pauvreté (987 euros) et c’est bien en-dessous du seuil de très grande pauvreté (651 euros). Plus d’un demandeur sur dix (16 %) n’a même plus aucune ressource.
Par ailleurs, la proportion de seniors augmente, ce qui est nouveau. Plus du quart (25,5 %) des bénéficiaires d’aides sont désormais âgés d’au moins 50 ans et les plus de 60 ans commencent à arriver en nombre (8,5 % des demandeurs d’aide).
En France, 3,6 millions de personnes sont soit privées de domicile personnel, soit vivent dans des conditions très difficiles (privation de confort ou surpeuplement), soit sont en situation d’occupation précaire (hôtel, caravanes…). Le nombre de sans-abri a ainsi augmenté de 50 % depuis 2011 pour atteindre le chiffre de 141.500 personnes, dont 30.000 enfants
Catherine Rollot Journaliste au Monde
Le collectif les Morts de la Rue a comptabilisé les décès de sans domicile fixe en 2013. Au moins 454 personnes sans domicile fixe sont décédées dont 15 enfants de moins de 15 ans.