Notre balade d'hier évoque pour nous le délicieux minois presque enfantin de la coquine et charmante Olympia dans ce ballet que nous vous présentons aujourd'hui...
La Dame aux Camelias de John Neumeier
La Dame aux camélias raconte l'amour d'un jeune bourgeois, Armand Duval, pour une courtisane, Marguerite Gautier, atteinte de tuberculose, mais une des reines de ce monde éphémère de la noce.. Elle a pour habitude de porter à son buste des camélias de différentes couleurs (blancs quand elle est disponible pour ses amants, rouges quand elle est indisposée)1. La narration constitue un récit dans le récit, puisque Armand Duval raconte son aventure au narrateur initial du roman.
Armand, l'amant de Marguerite, obtient d'elle qu'elle renonce à sa vie tapageuse pour se retirer avec lui à la campagne non loin de Paris, car jaloux des nombreux hommes qui l'entretiennent.
Mais la liaison est menacée par le père d'Armand, qui obtient de Marguerite qu'elle rompe avec son fils sous prétexte que son autre enfant, la jeune sœur d'Armand, doit épouser un homme de la bonne société. Jusqu'à la mort de Marguerite, Armand sera persuadé qu'elle l'a trahi avec un nouvel amant, et quitté volontairement.
La mort pathétique de Marguerite, abandonnée et sans ressources, conclut l'histoire racontée par le pauvre Armand Duval lui-même.
Dumas se réfère explicitement au roman de l'abbé Prévost, Manon Lescaut (1731).(voir aussi L’Histoire de Manon par Kenneth MacMillan ) Mais les rôles sont inversés. Tandis que chez Prévost, c'est Des Grieux qui renonce à son statut social pour suivre jusqu'au bagne, en Amérique « [sa] Manon adorée », avant de rentrer pour raconter sa passion fatale à « l'homme de qualité » auquel l'auteur prête sa plume, chez Dumas, le récit se concentre sur le sacrifice de la courtisane au grand cœur.
Dumas réhabilite de façon inédite l'image de la femme entretenue. De jouet frivole — insensible et intéressée —, l'irrégulière devient avec lui une victime de l'égoïsme bourgeois. Par générosité, Marguerite a renoncé au luxe d'une vie brillante et libre puis à son amour lui-même, mais sa sincérité reste cachée au monde comme il faut. Elle est ainsi la victime du préjugé selon lequel une lorette n'aurait pas de vertu.
Œuvre autobiographique
Pour son roman, Alexandre Dumas s'inspira de son histoire d'amour fiévreuse avec la demi-mondaine Marie Duplessis, entre septembre 1844 et août 1845.
La Dame aux camélias fut écrite en 1848, quelques mois après la mort de la jeune femme. Mis en pension très jeune, Dumas vécut très mal son statut d'enfant « bâtard », comme il le dit lui-même. Lorsqu'il rencontra Marie Duplessis, elle lui apporta la stabilité dont il avait besoin. Après sa mort, il s'installa à Saint-Germain-en-Laye, à l'Auberge du Cheval Blanc, et acheva l'œuvre en trois semaines.
"La personne qui m'a servi de modèle pour l'héroïne de la Dame aux camélias se nommait Alphonsine Plessis, dont elle avait composé le nom plus euphonique et plus relevé de Marie Duplessis. Elle était grande, très mince, noire de cheveux, rose et blanche de visage. Elle avait la tête petite, de longs yeux d'émail comme une Japonaise, mais vifs et fins, les lèvres du rouge des cerises, les plus belles dents du monde ; on eût dit une figurine de Saxe. En 1844, lorsque je la vis pour la première fois, elle s'épanouissait dans toute son opulence et sa beauté. Elle mourut en 1847, d'une maladie de poitrine, à l'âge de vingt-trois ans."
John Neumeier s’inspire du roman d’Alexandre Dumas fils pour en extraire l’essence romantique et traduire l’intimité tragique de son héroïne, Marguerite Gautier. Il donne à ses personnages une véritable profondeur psychologique et rend palpable les émotions de la célèbre courtisane.
Entre somptueuses scènes de bal et sublimes pas de deux, le chorégraphe superpose souvenirs et rêves en rapprochant les destinées de Marguerite et Armand de celles de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux.
La musique de Chopin donne à l’oeuvre son intériorité tandis que Jürgen Rose glisse à travers ses décors et costumes tout le parfum d’une époque. et accentue le parallèle avec l'histoire de Manon Lescaut dans ce ballet en trois actes.
Acte 1