La toile intitulée La découverte du corps de saint Alexis sera déposée en prêt pour une durée de trois ans par le Musée lorrain de Nancy qui sera fermé 5 ans pour travaux.
Le Saint Alexis du Musée Lorrain est probablement une copie réalisée par un artiste compétent travaillant dans l'atelier de De La Tour. L'original, aujourd'hui disparu, est certainement un cadeau offert en 1648 par la municipalité de Lunéville au gouverneur de Lorraine, le maréchal de La Ferté.
Un jeune garçon, dont la tête est vivement baignée de la lumière du flambeau qu'il tient, en enlevant un drap marron découvre impassiblement le corps d'un homme à l'éclat doré qui semble dormir. Il s'agirait de l'image de saint Alexis, reconnaissable par la lettre de sa vie rédigée avant sa mort qu'il détient entre ses mains. Et Georges de la Tour, en fervent du réalisme dédaigne par exemple la représentation d'ange dans son adoration des bergers; il se sert moyens qui lui son propre pour rendre présente la grâce, la sainteté, l'intimité. Déjà pour nous, habitués à un éclairage artificielle, l'utilisation d'une chandelle la nuit est une période à la sensibilité différente, notamment d'une existence fragilisée par les guerres ( la Guerre de Trente ans 1618-1648 ) , les épidémies et l'artiste avec ses scènes nocturnes enrichit d'une part les nuances des clair-obscurs et affiche une spiritualité qui lui est propre, basé sur l'ascèse, la pénitence, le recueillement méditatif.
L'histoire de saint Alexis, que raconte la Légende dorée, était alors très connue : or, c'est l'exemple même du refus dans l'ascèse poussée jusqu'au paradoxe, jusqu'à l'absurde. Alexis, jeune Romain de haute noblesse né au IVème siècle, fils unique de parents pieux et charitables dont il fait le bonheur, marié à une belle jeune fille qui l'aime, s'enfuit le soir même de ses noces et s'en va vivre au loin dans la pauvreté, ma charité, la pénitence. Au bout de dix-sept ans, il revient à Rome, dans la maison même de ses parents, où sa femme espère toujours son retour : mais , sans se faire connaître, il se glisse au dernier rang des valets, qui le méprisent et le maltraitent. Après dix-sept autres années, il meurt dans la soupente d'un escalier qui abritait sa couche, et c'est alors, par un papier trouvé entre ses mains et qui raconte sa vie, qu'on découvre à la fois son identité et sa sainteté.
C'est un thème assez rare dans l'art mais à Vic, village natif de Georges de la Tour, l'histoire de l'humble saint Alexis était assez répand, en outre il réinterprète ce moment clef où Alexis quitte la vie et est reconnu par son entourage stupéfait. ( voir la gravure de Claude Mellan La Découverte du corps de saint Alexis, 1649, burin ). Cependant, les grands mouvements autour de la mort du personnage ne lui correspondent pas, surtout à son époque de grande maturité, il se concentre ici sur la valeur didactique plutôt que narrative. Et comment a-t-il pu mettre en peinture avec réalisme la sainteté? Saint Alexis, allongé, découvert par une lumière douce, semble dormir dans un manteau de bleu nuit, il porte une ceinture doré et s'est seulement par la lettre qu'il tient dans les mains, qu'il partage le récit de son abnégation pour sa foi en Dieu. Sa bouche reste entrouverte comme s'il finissait de prononcer une prière ou s'il s'adressait à l'ingénu garçon qui l'a discerné dans le noir. Nous sommes comme le jeune page aux vêtements rutilants, car grâce à ce flambeau qu'il porte de la main droite, vers le spectateur, nous sommes aussi intensément éclairés en observant le corps paisible d'Alexis sanctifié.
D'après un article de Becker Marie-Jeanne
Le dossier enseignants de cette oeuvre est disponible en cliquant sur ce lien
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