Henri Jean-Baptiste Grégoire, également appelé l’abbé Grégoire, né le 4 décembre 1750 à Vého (Trois-Évêchés, aujourd'hui dans le département de Meurthe-et-Moselle) et mort le 28 mai 1831 à Paris, est un prêtre catholique, évêque constitutionnel et homme politique français, l'une des principales figures emblématiques de la Révolution française.
L'abbé Grégoire se rallie au Tiers état et, à l'Assemblée Constituante, il réclame non seulement l'abolition totale des privilèges et de l'esclavage mais prône aussi le suffrage universel.
Fondateur du Conservatoire national des arts et métiers et du Bureau des longitudes, il participe à la création de l'Institut de France dont il devient membre.
Après son ordination et comme la majorité des jeunes prêtres à l'époque, Henri Grégoire devient vicaire de paroisse, d'abord à Château-Salins puis à Marimont-lès-Bénestroff. Ce n'est qu'en 1782 que l'abbé Cherrier, son ancien professeur à Emberménil, le désigne pour prendre la charge de ses deux paroisses d'Emberménil et de Vaucourt.
Très ouvert aux idées généreuses des « Lumières », l'abbé publie en 1788 un Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs qui est distingué par l'Académie de Metz.
La même année, le 19 février 1788, avec quelques nobles libéraux comme les marquis de Mirabeau, de Lafayette et de Condorcet, il fonde la « Société des Amis des Noirs ». Elle est calquée sur une société fondée quelques mois plus tôt par des Quakers anglais.
Député du clergé du baillage de Nancy aux états généraux en 1789, l'abbé est l'un des premiers à voter la réunion du bas-clergé au tiers-état. Lors de la séance du 14 juillet 1789, il préside par intérim de l'Assemblée nationale quand les députés décident de siéger en permanence.
Il fait voter la Constitution civile du clergé (1790) puis l'égalité des droits civils pour les juifs (1791). Élu évêque assermenté de Blois , il siège à la Convention, dans les rangs de la Montagne (la gauche révolutionnaire).
Son action réformatrice ne faiblit pas. C'est ainsi qu'il fait voter l'abolition de l'esclavage (1794) et se penche sur les patois et dialectes en vue d'établir la suprématie définitive du français, défini comme langue de la liberté et de la démocratie. Grégoire contribue également à la fondation de l'Institut et du Conservatoire des Arts et Métiers.
On lui doit l'invention du mot vandalisme, en référence à des Barbares qui saccagèrent Rome en 455. Il emploie ce mot dans un rapport adressé à la Convention le 11 janvier 1794 où il dénonce les destructions intempestives de monuments et d'oeuvres d'art par les armées républicaines. Avec lui émerge donc le concept de protection du patrimoine.
Absent lors du procès de Louis XVI en 1793, Grégoire se prononce pour sa condamnation tout en réclamant l'abolition de la peine capitale. Après la chute de Robespierre, il devient membre du Conseil des Cinq-Cents (1795-1798) puis du Corps législatif (1800), enfin sénateur (1802).
À la signature du Concordat, il démissionne de son évêché de Bourges. Il se range dans l'opposition libérale sous l'Empire et sous la Restauration. Sa plume ne chôme pas et il publie sans trêve de nombreux traités, en particulier contre le racisme et l'image négative accolée aux Noirs.
Ainsi publie-t-il en 1808 un traité : De la littérature des nègres, dans lequel il soutient que les premiers pharaons étaient Nubiens et qu'en conséquence, les Noirs pouvaient être regardés comme à l'origine de la civilisation égyptienne et pourquoi pas ? de toutes les civilisations occidentales.
À sa mort, il est interdit de sépulture chrétienne en raison de ses engagements passés. Ses funérailles n'en sont pas moins l'occasion d'une grande manifestation populaire, jusqu'à réunir vingt mille personnes.