C’est assez rare pour être souligné : le célèbre tableau de Georges de La Tour, "Saint Joseph charpentier", sera visible pour la première fois au musée départemental de Vic-sur-Seille, à compter de ce jour et jusqu’au 2 octobre.
L’accent de cette exposition unique sera mis sur l’histoire de son acquisition par le Louvre en 1948.
L’occasion est d’autant plus belle d’aller admirer cette toile qu’il s’agira d’une grande première. Après cette présentation faisant l’objet de toutes les attentions, qui s’achèvera le 2 octobre prochain, le chef-d’oeuvre du 17e siècle rejoindra l’écrin parisien du Louvre, à qui il appartient. Et il ne sera pas de retour de sitôt.
L’intérêt principal de cette exposition réside dans l’éclairage apporté sur l’arrivée dans la capitale de ce tableau dont la dimension religieuse n’apparaît pas au premier regard, rien n’indiquant que nous sommes en présence de l’époux de la Vierge Marie et de l’enfant Jésus.
S’il ne fait aucun doute qu’il a été réalisé en Lorraine aux alentours de 1640, le mystère demeure concernant sa création, qui a pu répondre probablement à une commande du couvent des Carmes-Déchaussés de Metz, lequel se trouvait en lieu et place du musée de la Cour d’Or actuel.
Vendu vers 1840, on retrouvera sa trace de l’autre côté de la Manche une dizaine d’années plus tard, où un Anglais dénommé Percy Moore Turner en fera l’acquisition à la fin des années 1930. Grand amateur d’art, celui que l’on surnommait « l’ami sincère de la France » en fera don au Louvre en 1948, à la suite d’une entente avec cette institution.
Ces tractations en coulisse ont été révélées par les archives personnelles du Britannique, ainsi que celles du musée. Le Louvre possédait un des Pleurants en albâtre entourant le tombeau de Jean sans Peur au musée de Dijon, lesquels avaient été dispersés en Europe au moment de la Révolution française. Le hasard a voulu que le collectionneur anglais possédait une de ces sculptures, de même que le musée parisien. Il a instamment proposé son tableau en échange de la statuette détenue par le Louvre, de manière à pouvoir compléter le tombeau.
L’exposition de Vic-sur-Seille sera aussi l’occasion de découvrir d’autres chefs d’oeuvre, et notamment deux copies de Saint Joseph charpentier, qui connut un succès immédiat dès sa sortie de l’atelier, à une époque où le culte de saint Joseph était en vogue en Europe sous l’impulsion des ordres franciscains.
- La première, propriété du musée de Besançon, considérée comme la reproduction la plus connue, reprend presque trait pour trait la toile originelle.
- La seconde, plus contemporaine, est un pastel réalisé dans l’Angleterre des années 20. Il a été découvert par hasard il y a deux ans. Son propriétaire, un Allemand, l’a achetée en Australie.
Pour ce qui est de la muséographie, quelques panneaux rendront compte des coulisses de l’arrivée au Louvre de ce Saint Joseph charpentier, présenteront aussi les découvertes faites ces dernières années, et même très récemment, par le Laboratoire de recherche des musées de France. L’occasion de plonger au coeur de la fabrication de ce tableau à la lumière envoûtante figurant parmi les plus admirés du peintre, mais aussi de le comparer avec les copies mises en exergue.
L’occasion également de s’attarder sur les détails qui le composent, comme par exemple le regard, empli de larmes, que pose Joseph sur l’enfant. Ou encore la disposition des morceaux de bois au sol, qui évoquent une croix, « comme s’il annonçait à son fils le martyre qu’il allait connaître quelques années plus tard ».
Olivier Pierson
Source L'Estrade
Du 3 juillet au 2 octobre au Musée départemental de Vic-sur-Seille
Renseignements : 03 87 78 05 30
www.mosellepassion.fr