Le don d'organes est le prélèvement d'organes et de tissus (on parle dans ce cas de don de tissus) d'un corps humain (appelé donneur) pour traiter des patients (appelés receveurs) dont les organes essentiels sont gravement atteints. Le prélèvement chirurgical peut s'effectuer sur des personnes mortes en état de mort cérébrale (don d'organes post mortem) ou sur des personnes vivantes (don d'organes de son vivant). Il s'agit de la première étape avant la réalisation d'une transplantation chez un receveur.
Un grand nombre d'organes peuvent être donnés et permettre ainsi de sauver des vies humaines, ou en améliorer grandement la qualité. La majorité des greffes sont réalisées à partir d'organes prélevés sur des personnes mortes, en état de mort encéphalique (c'est-à-dire le cœur continuant à battre).
Sous certaines conditions bien précises (contraintes temporelles notamment) les organes (rein et foie) de personnes en arrêt cardiaque et respiratoire définitif, après échec de réanimation, peuvent être prélevés (voir Prélèvement d'organes à cœur arrêté). On sait aujourd'hui que les résultats des greffes de ces organes sont aussi bons que ceux provenant de donneurs en mort encéphalique.
La compatibilité HLA est de moins en moins indispensable, compte tenu des progrès des traitements immunosuppresseurs. Néanmoins, lorsque cette compatibilité est grande, le traitement peut être allégé.
Le don d'organe se différencie du don du corps à la science;Ce dernier a pour but de faire progresser la médecine ainsi que les connaissances et le savoir-faire des chercheurs et des étudiants. On peut être, bien sûr, donneur d'organe et donner en même temps son corps à la science.
Les règles relatives au don d'organes en France sont édictées par les articles L.1231-1 et suivants du code de la santé publique, modifiés par la loi bioéthique no 2004-800 du 6 août 2004. Elles distinguent le prélèvement sur une personne vivante et le prélèvement sur une personne décédée. Le don d'organes par prélèvement sur personne vivante, très spécifique, a connu des modifications à l'occasion de la réforme des lois bioéthiques réalisée par la loi du 7 juillet 2011.
Le don d'organes est extrêmement réglementé en France. Certains organes peuvent être prélevés du vivant des donneurs ( c’est le cas des reins, de la moelle osseuse, de la peau, de fragments osseux et exceptionnellement de lobe hépatique et lobe pulmonaire ). Bien souvent, ces prélèvements du vivant se font dans le cadre du cercle familial après une recherche de compatibilité auprès des proches.
Mais la majorité des prélèvements se font sur des donneurs décédés.
Après la mort, on peut prélever sur un donneur les organes suivants :
– Cœur, foie, rein, poumon, pancréas, os-cartilage, cornée, peau et intestin (rarement).
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Don post-mortem
Le don d'organes repose, depuis la loi Caillavet de 1976, sur le principe du « consentement présumé » : chaque Français est considéré comme un donneur potentiel après sa mort à moins de s'y être opposé de son vivant en s'étant inscrit dans le Registre National des Refus, ce registre devant être obligatoirement consulté par les médecins dès qu'un prélèvement est envisagé. Cette inscription a valeur légale. Conformément à la loi de bioéthique, si la personne morte n'était pas inscrite sur le registre national des refus ou n'avait pas fait part à ses proches de son opposition au don d'organes de son vivant, le prélèvement d'organes est possible.
Un prélèvement est envisagé uniquement sur une personne morte, établie en état de mort encéphalique ; attestée soit par deux électro-encéphalogrammes à activité isoélectriques, établis à quatre heures d'intervalle, ou bien plus employé actuellement, un angioscanner (permettant simultanément une étude morphologique des organes).
En pratique, lorsqu'un prélèvement d'organes est envisagé, si l'équipe médicale n'a pas directement connaissance de la volonté du défunt, elle doit s'efforcer de recueillir auprès de ses proches son opposition au don d'organes éventuellement exprimée de son vivant, par tout moyen ; il s'agit du rôle du Médecin Réanimateur, assisté de l'Infirmier(e) Coordinateur de prélèvement d'organe, de l'établissement de soins.
La situation est beaucoup plus simple si la personne morte a fait connaître de son vivant sa volonté de donner ses organes. Porter sur soi une carte de donneur est un engagement fort, mais pas suffisant en général : ce n'est pas un document légal, et en pratique les cartes ne sont retrouvées que très rarement lorsqu'un don d'organes est envisagé. De plus, les pays qui ont un registre légal de donneur d'organes ont un taux de donneurs faible (23 par millions d'habitants pour la France, 15 en Allemagne, 13 en Angleterre : chiffres 2009). Il est donc primordial de faire connaître sa volonté à ses proches, pour qu'ils puissent en témoigner. Pour faciliter cette démarche, différents organismes proposent gratuitement des cartes de donneur d'organes :
la carte de donneur d'organes et de tissus de l'agence de la biomédecine
la carte de donneur d'organes et de tissus de l'association France ADOT reconnue d'utilité publique depuis 1978,
le Passeport de Vie de la Fondation Greffe de Vie, reconnue d'utilité publique.(Arrêt de la distribution Passeport de Vie en raison de sa valeur légale inexistante.)
Cependant la carte de donneur ou le passeport de vie n'ont aucune valeur légale. Il importe donc de faire connaître ses volontés à ses proches de son vivant.
La carte SESAM Vitale II comporte également un champ permettant à tout médecin de mentionner que son titulaire est informé à propos de la loi sur le don d'organes.
Don d'organes de son vivant
Une personne majeure vivante, volontaire et en bonne santé peut donc donner un rein dans les conditions définies par la loi. Pour répondre aux attentes des patients et de leurs familles et favoriser ce type de greffe, la loi de bioéthique du 7 juillet 2011 a élargi le cercle des donneurs vivants d'organes qui peuvent être le père ou la mère et, par dérogation, un fils ou une fille, un frère ou une sœur du receveur, son conjoint, ses grands-parents, oncles ou tantes, cousins germains et cousines germaines ainsi que le conjoint du père et de la mère. Le donneur peut également être toute personne apportant la preuve d'une vie commune d'au moins deux ans avec le receveur ainsi que toute personne pouvant apporter la preuve d'un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur.
Depuis cette date est également autorisé un donneur anonyme dans le cadre d'un don croisé : en cas d'incompatibilité entre la personne ayant exprimé l'intention de don et la personne dans l'intérêt de laquelle le prélèvement peut être opéré rendant impossible la greffe, le donneur et le receveur potentiels peuvent se voir proposer le recours à un don croisé d'organes. Celui-ci consiste pour le receveur potentiel à bénéficier du don d'une autre personne ayant exprimé l'intention de don et également placée dans une situation d'incompatibilité à l'égard de la personne dans l'intérêt de laquelle le prélèvement peut être opéré, tandis que cette dernière bénéficie du don du premier donneur. En cas de mise en œuvre d'un don croisé, les actes de prélèvement et de greffe sont engagés de façon simultanée respectivement sur les deux donneurs et sur les deux receveurs. L'anonymat entre donneur et receveur est respecté. La loi a été votée en 2011, le décret d'application est paru en fin 2012 et les premiers dons croisés pourraient avoir lieu fin 2013. D'après les équipes de greffe le retard pris dans le démarrage du don croisé est imputable « à l'Agence de la biomédecine et à la lourdeur de l'organisation ».
Pour cela un logiciel informatique d'appariement a été créé, inspiré par les travaux des lauréats du prix Nobel d'économie 2012, les Américains Alvin Roth et Lloyd Shapley. Il met en relation des pairs de donneur-receveur incompatibles. Pour que le mécanisme d'appariement se mette en place, il faut au moins 50 couples de volontaires. À l'inverse d'autre pays comme les États-Unis, la France n'autorise que l'appariement croisé entre deux paires de donneur-receveur. Les triplets et chaînes sont donc interdits.
Dans le cas du rein, le plus fréquemment le donneur est un parent (36 % des cas), un frère ou une sœur (33 % des cas) ou un conjoint (26 %).
Le candidat au don doit être informé des risques liés à l'intervention et de la possibilité d'un échec de la greffe. Il est auditionné par un Comité d'Experts Donneur Vivant organisé par l'Agence de la Biomédecine. Ce comité composé de cinq membres dont trois médecins s'assure de la justification médicale du prélèvement et de la greffe d'organe, de la compréhension de l'information reçue et de l'absence de contrainte. La décision d'autoriser ou non le don délivrée par le Comité n'a pas à être motivée. Le donneur doit confirmer son accord auprès du magistrat du Tribunal de Grande Instance de son lieu de résidence. Son accord est révocable à tout moment. Le don est un acte gratuit mais doit être financièrement neutre pour le donneur. L'établissement où a lieu le prélèvement doit prendre en charge les frais de transports, d'hébergement hors hospitalisation, de suivi médical et une éventuelle perte de revenu. Une enquête nationale sur la qualité de vie des donneurs vivants de rein a été élaborée et mise en œuvre par l'Agence de la biomédecine et le service d'Épidémiologie et Évaluation Cliniques (EEC) du CHU de Nancy. Les personnes interrogées avaient été prélevées entre le 30 juin 2005 et le 1er mars 2009. À 98 % les personnes interrogées se déclarent prêtes à refaire leur geste.
Le don est par définition non rémunéré car l'organe n'est pas considéré comme un objet patrimonial au sens juridique, conformément au principe de non-patrimonialité du corps humain. Il est totalement anonyme : le receveur ne connaît pas l'identité du donneur et la famille du donneur l'identité des différents receveurs. Il existe cependant une exception notoire : lors de la greffe de visage, la famille de la donneuse n'a pu que connaître l'identité de la receveuse du fait de sa médiatisation a posteriori.