Tout d'abord neutres dans le conflit qui éclate en 1914 entre les Puissances centrales et les Alliés, les Etats-Unis vont être amenés à prendre parti en faveur de ces derniers. Solidarité d'idéaux, solidarité d'intérêts, liens économiques et financiers jouaient dants ce sens.
Le RMS Lusitania fut coulé le 7 mai 1915 à 14 h 25 près du Fastnet, à environ à 12 milles marins de la côte, au large de la pointe Sud de l'Irlande, par un sous-marin allemand, le U-20.
Le Lusitania était commandé par le capitaine William « Bowler Bill » Turner, âgé de 58 ans, officier expérimenté qui effectuait là son 102e voyage. Parti de New York le 1er mai 1915 à destination de Liverpool, après une escale d'une semaine. Il aurait dû être protégé par un croiseur britannique, le Juno, qui semble avoir été retiré de cette zone deux jours plus tôt, par l'amiral Fisher et Winston Churchill lui-même, alors Premier lord de l'Amirauté.
Le nombre des passagers et de survivants varie selon les sources : il y aurait eu 1 158 passagers à bord (128 venant des États-Unis, dont le millionnaire Alfred G. Vanderbilt). 128 victimes auraient été américaines (128 selon l'ambassade de France à Washington). Selon d'autres sources, il y aurait eu 703 rescapés sur un total de 2 160 passagers et marins (1 personne sur 3)
Le paquebot britannique est aussitôt présenté par la presse américaine comme « neutre » et victime de la barbarie allemande. Dans les remous du naufrage, des questions, insolubles ou insidieuses, surnagent : on ira jusqu'à suspecter l'Amirauté britannique de négligences calculées pour forcer l'entrée en guerre des États-Unis.
Des conférences, des affiches incitant à la guerre sont diffusées dans tous les États-Unis, appelant souvent à venger le Lusitania. Les Allemands, inquiets de la perspective d'une entrée en guerre rapide des États-Unis, se justifièrent en prétendant que le navire transportait des armes, ce que les Britanniques nièrent immédiatement et farouchement, avant qu'en 1972 des archives ne montrent que le Lusitania convoyait effectivement un chargement secret de munitions et qu’il était armé de 12 canons.
Cette attaque, dont les circonstances ne sont pas clairement établies, contribua à faire basculer l'opinion américaine en faveur de la guerre, que leur gouvernement avait décidée peu avant.
À la suite du naufrage, le président des États-Unis, Woodrow Wilson, menaça l'Allemagne et exigea réparation. Inquiet de l'irruption des États-Unis dans la guerre, Berlin décide (le 27 août 1915) de suspendre provisoirement ou de fortement restreindre son offensive sous-marine.
Mais rien n'y fait : auparavant hostile à la guerre, l'opinion publique américaine évolue peu à peu en faveur d'un engagement aux côtés de l'Entente (Empire britannique, Empire russe et Empire français), contre les Empires centraux de la Triple-Alliance (Empire allemand, Empire d'Autriche-Hongrie et Empire ottoman). L’Allemagne reprendra sa guerre sous-marine en janvier 1917.
C'est la décision allemande de janvier 1917 de déclencher — malgré les négociations en cours — un blocus de fait des États-Unis en décrétant la guerre sous-marine totale contre tous les navires, même neutres, qui commerceraient avec les nations alliées, qui a probablement vraiment lancé les États-Unis dans la guerre.
L’attaque du Lusitania avait préparé une opinion américaine plutôt pacifiste ou neutre avant cet événement. Les États-Unis rompirent leurs relations diplomatiques avec Berlin et lancèrent une campagne de mobilisation après le torpillage du Vigilentia (le 6 avril 1917 à 13 h 18), qui justifia le vote du Congrès américain favorable à l'entrée en guerre.
A voir la page Wikipédia consacrée au naufrage du Lusitania