La perte du bonheur PATRIK PION
57590, France
La pratique artistique de Patrik Pion allie sculptures, photographies, dessins, sons et vidéos dans un ensemble cohérent où chaque medium utilisé dialogue, reproduit, répond et s’accorde dans une profonde et sourde mise en abîme. Ayant travaillé en duo avec l’artiste Paule Combey jusqu’en 2013 sous le nom de CombeyPion, il poursuit aujourd’hui sa recherche en développant de nouvelles expérimentations.
Nourries à la fois de psychanalyse, de philosophie, de musique électro-acoustique, des avant-gardes allemandes (expressionniste) et russes (constructiviste), les œuvres de Patrik Pion apparaissent telles des doubles, des images mnémoniques ne visant nullement à représenter le réel. Alors que ses recherches se concentrent sur la manière dont la psyché se construit à partir de ce réel, c’est davantage la représentation de cette construction qui est en jeu dans ses créations. Parmi elles se trouvent des « objets blancs », objets du quotidien (presse-orange, chaussures, brosse à dents, lampe torche, pistolet, seringue…), objets-sculptures réalisés en papier journal vierge et agrafé. Si leur échelle disproportionnée leur donne une apparence burlesque rappelant les sculptures de Claes Oldenburg et Coosje Van Bruggen, l’austérité de leur blancheur les écarte de facto d’une tentative de fascination de l’objet manufacturé tel que développé par le Pop Art et ses corollaires. Sans chercher à représenter ou reproduire, ces objets sont des doubles imparfaits, réalisés de mémoire. Parce qu’ils apparaissent comme des souvenirs, des photographies de l’esprit, des traces fantomatiques, ils ne figurent pas l’objet en tant que tel mais invitent à l’introspection, à une plongée dans la psyché individuelle ou collective, dont l’ensemble constitue l’inconscient de notre monde.
Les vidéos, photographies et dessins de Patrik Pion réalisés à partir de ces objets démultiplient leur présence à travers une imagerie spectrale à l’instar du cinéma expressionniste. Photographiés, ils sont agrandis à une échelle monumentale. Dessinés, ils s’entrechoquent sur des papiers de très grands formats et semblent en apesanteur. Les travaux vidéos récents de l’artiste présentent une série de courtes séquences illustrant des bribes du quotidien (un fragment de trajet en métro, la circulation sur le périphérique parisien…) ou des vidéos de phrases scannant des états pathologiques, émergeant essentiellement de mouvements de masse. Extraites en majorité d’ouvrages de Sigmund Freud, Cynthia Fleury, Hermann Broch ou Axel Honneth, et décontextualisées, elles tournent sur des axes hélicoïdaux sur un fond vide. L’artiste accorde une grande importance aux ambiances sonores, captations là aussi du quotidien retravaillées, allongées, distordues et produisant, à l’unisson de la totalité des œuvres, comme un écho perçu au plus profond des consciences.
La psychologie clinique de groupe constitue un des axes de sa réflexion artistique dans laquelle prévaut l’analyse et le mode de représentation des affects[1]. Il s’agit d’une réflexion sur la construction du sujet, sur sa place dans le collectif et, entre autres, sur le rapport sujet/objet dans nos sociétés. Son travail s’est conforté de son expérience d’ateliers menés avec les patients de l’hôpital psychiatrique Georges Sand de Bourges[2]. Attentifs à la psychothérapie institutionnelle de la clinique de la Borde[3], et aux théories de l’anti-psychiatrie[4], Patrik Pion et Paule Combey portaient...
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- Du samedi 29 octobre 2022 14:00 au dimanche 12 février 2023 18:00
↳ mercredi, jeudi, vendredi, samedi & dimanche
- vendredi 25 février 2022 18:00