Dix ans après la création de la « journée de solidarité », le lundi de Pentecôte reste chômé pour la majorité des salariés, cette journée de travail non rémunérée, qui doit rapporter 2,46 milliards d'euros en 2014, étant depuis plusieurs années organisée « à la carte ».
UN TEST PENDANT 5ANS
Après la canicule de 2003, Jean-Pierre Raffarin, à l'époque Premier ministre de Jacques Chirac, décide d'instaurer une journée de solidarité. Le choix se portera sur le lundi de Pentecôte. L'idée était d'obliger les salariés à travailler "gratuitement" pour aider à financer la prise en charge des personnes âgées et handicapées. Pendant cinq ans, son application a été très aléatoire selon les entreprises. Finalement, en 2008, le lundi de Pentecôte fut abandonné.
Depuis 2008, les employeurs peuvent organiser cette journée comme ils le souhaitent. Certains optent pour la suppression d'un jour de congé ou de RTT, et certaines entreprises en font cadeau à leurs salariés.
20 À 30 % DES SALARIÉS TRAVAILLERONT
Sur la base d'une étude menée à partir des demandes d'intérimaires dans son réseau national, le groupe Randstad estime que « seuls 20 à 30 % » des salariés travailleraient ce lundi. La majorité des groupes industriels seront à l'arrêt, et dans le BTP l'activité sera faible, selon cette étude.
Les entreprises de logistique tirent aussi généralement le rideau, en raison d'une interdiction administrative visant le transport routier ce jour-là. Les commerces devraient être ouverts, mais les transports en commun fonctionneront au ralenti, comme chaque jour férié.
23,5 MILLIARDS D'EUROS EN DIX ANS
Selon la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), la journée de solidarité aura rapporté en dix ans près de 23,5 milliards d'euros, dont 2,41 milliards en 2013 (+ 0,8 %) et 2,46 milliards prévus cette année.
Elles servent par exemple à recruter du personnel pour les maisons de retraite et structures spécialisées, à y financer des travaux de modernisation ou encore à financer des heures d'aide à domicile.
« INJUSTICE »
Cette journée continue de faire débat. La CFTC, pour qui « tout travail mérite salaire », a écrit au nouveau ministre du travail, François Rebsamen, pour lui demander de mettre fin à une « injustice ». Le syndicat a rappelé dans un communiqué qu'il couvrait par un mot d'ordre de grève « tous les salariés qui choisiraient de ne pas travailler ce lundi de Pentecôte ou tout autre jour imposé par leur employeur sous le couvert d'une fausse solidarité ».
Mardi, le gouvernement a présenté en conseil des ministres un projet de loi sur l'autonomie des personnes âgées, centré sur le maintien à domicile, qui sera financé par les 645 millions d'euros par an provenant d'une taxe sur les pensions des retraités imposables (la CASA), instaurée en 2013. Ce texte doit être débattu au Parlement « à la rentrée ».
Source Le Monde du 7 juin 2014
Photo : By Watanebee (Own work) [CC-BY-SA-3.0], via Wikimedia Commons