Selon Monsieur Marcel Kugler revenu et habitant jusqu'en 2013 à Juvelize :

 

Lorsque les premiers juvelizois sont arrivés à Saint Beat, avec leurs cinq kilos de bagages , ils ont été ravis par l'accueil... ...ils ont été logés dans des maisons meublées !

Après quelques petits larcins, vols de poulets, d'habits…la tension monta, mais très vite la confiance revint.

Le dimanche après la messe et les après-midi, tous se retrouvaient au café pour des longues parties de cartes : la belote et aussi ….la ferme.Les gens étaient affables.

 

Une chose a étonné les Juvelizois en arrivant : le manque d'eau courante dans les maisons et les toilettes dans des pots de chambre soit dehors ! Juvelize avait l'eau courante, avant la Première Guerre mondiale.

Une remarque a profondément marqué les esprits des réfugiés, après le premier contact avec le curé de l'époque, il a dit en chaire : " Il vaudrait mieux pour vous, que les Allemands gagnent la guerre ! ". Monsieur Gorius s'en souvient lui aussi.

Très vite les réfugiés ont essayé de se trouver du travail ; ceux qui ne trouvaient rien avaient droit à une allocation de 12 francs.

Les jeunes de 20 à 21 ans étaient obligés de rentrer dans les chantiers de jeunesse. Ils logeaient dans des baraques, dans la nature au grand air ; les réfugiés devaient servir pendant 6 mois et les autres pendant 8 mois. Dans ces camps la vie était toute militaire : levée des couleurs à 7 heures, appel, et travail dans la journée. Ils avaient un uniforme, un calot, un sifflet et un bâton pour défendre le camp ! Après avoir appris à marcher au pas, différents travaux, d'utilité publique, étaient prévus en fonction de la saison. Ils fabriquaient du charbon de bois à parti des forêts incendiées vers Casteljaloux - charbon de bois qui servait de carburant pour les camions munis de gazogènes. Ils faisaient les vendanges et aussi gemmaient les pins pour des usines de térébenthines…

Dans l'ensemble on vivait bien. Monsieur Kugler père travaillait dans une ferme et était payé en nature : lait, viande de mouton, porc, beurre… Il fallait cependant payer son loyer. Le fils Marcel travaillait dans une usine. L'usine payait bien : 2 francs 50 l'heure.

Les emplois étaient surtout des emplois dans les carrières nombreuses dans le secteur, à l'époque. Par contre MM. Gorius , Remy Mansuy, Tournaire travaillaient aux chemins de fer dans le transbordement à Marignac. De petits trains ( sorte de tramways ) partaient avec leurs chargements par le Val d'Aran vers l'Espagne toute proche. Une anecdote de cette période reste encore très vivace dans les esprits : ils ont foré un trou dans un fût de vin pour y ponctionner quelques bouteilles et refermer à l'aide d'une cheville de bois !

Une autre anecdote : au café-boulangerie tenu par une vieille fille, qui réclamait ses tickets de pain n'entrait pas toujours dans ses fonds, car après quelques verres de vin, plus personne ne savait qui avait donné des tickets et qui n'en avait pas donné. Mais ceux qui avaient resquillé allaient à la boulangerie d'en face acheter un supplément de pain.

Les après-midi se passaient en promenade en famille qui permettaient de se retrouver avec les autres réfugiés, notamment ceux de Vic sur Seille.

Les réfugiés ont regretté de ne pas voir souvent leur curé l'abbé Fiacre, lui-même réfugié à Cazères, sauf une fois, lorsqu'il est venu voir un des marguilliers - le trésorier du conseil de fabrique de la paroisse de Juvelize - probablement pour une signature.se faisait rapidement même que les Juvelizois se mettaient au patois local la langue d'oc ! La plupart entretiennent encore de nos jours des relations très suivies avec leurs amis, ainsi Monsieur Kugler correspond encore ou téléphone à ses amis : Gaston Delong, Roger Daspet, Léon Amat ….

Les retrouvailles sont toujours très joyeuses comme en 1988/89 .

Articles anciens archivés

Utilisez aussi le moteur de recherche interne au site (en haut à droite sous la météo)  pour retrouver un article